10 ans de la LDCB : Entretien exclusif avec M. Romain HOUEHOU

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10 ans de la LDCB

Depuis dix (10) années, l’Association de consommateurs dénommée la Ligue pour la Défense du Consommateur au Bénin (LDCB) œuvre inlassablement pour le bien-être des populations. Elle a été active sur plusieurs fronts de lutte et se révèle aujourd’hui être l’Association de consommateurs la plus dynamique et la plus professionnelle que le Bénin ait.

Dix (10) ans après, que peut-on retenir du parcours de cette organisation qui se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins ? Pour mieux en savoir, votre journal s’est proposé d’interroger pour vous le président de la Ligue pour  la Défense du Consommateur au Bénin Monsieur Romain Abilé HOUEHOU.

L’ambition de la Ligue est de devenir une organisation beaucoup plus forte

 

Il y a dix ans naissait la LDCB que vous avez l’insigne honneur de diriger. Qu’est-ce qui justifiait la création de votre Association ?

La Ligue pour la Défense du Consommateur comme vous le savez est une organisation de défense des droits du consommateur  née pour faire de la veille économique et sociale pour la prise en compte des préoccupations des consommateurs par les gouvernants par l’entreprise et par le marché. Aujourd’hui en Afrique en général et au Bénin en particulier, les problèmes de consommation sont énormes. Ce qui justifie que notre organisation le 20 février 1998 lorsqu’elle a été créée s’est fixée pour l’objectif principal œuvrer pour la défense des intérêts des consommateurs béninois ; d’œuvrer pour promouvoir les modes de production des bien et services de qualité et à moindre coût pour les consommateurs de notre pays.

Dès sa création, qu’elle a été la première bataille menée par la Ligue ?

Nous avions eu à mener plusieurs grandes actions car avant de pouvoir imposer des modes de production de biens et de service de qualité, il faut pouvoir  d’aborder éduquer le consommateurs afin qu’il soit critique, qu’il soit plus éveillé car lorsque le consommateur devient de plus en plus exigent, l’entreprise se voit obligée de se réajuster et de se conformer aux normes du marché. Lorsque le consommateur devient de plus critique, les dirigeants se réajustent et font appliquer la réglementation qui régule le marché. Lorsque le consommateur devient de plus en plus responsable et solidaire, toutes les composantes de la société, tous les acteurs économiques tiennent compte de ses préoccupations. Raison pour laquelle lorsque nous sommes nés le 20 Février 1998, notre première grande bataille était axée sur l’éducation des consommateurs à mieux connaître leurs droits et responsabilités. Nous avons également joué le rôle de défenseur des consommateurs au niveau des instances de prise de décision en les représentant au niveau des instances de prise de décision. De part la pertinence de nos actions sur le terrain les dirigeants ont estimé important que la Ligue représente les consommateurs au niveau de certaines structures et au sein de ces instances, nous avons continué à faire entendre la voix des consommateurs face aux différentes crises sociales majeures qui portent atteinte à l’économique, à l’environnement du consommateur et qui portent aussi atteinte à la qualité des biens et services offerts aux consommateurs. Les actions de terrain, les actions de plaidoyer sont souvent menées et à ce niveau là, la Ligue a été la première association de consommateurs à avoir organisé la première marche pour dénoncer les maux qui minent le vécu quotidien des consommateurs.

L’autre grande bataille mené par la ligue en collaboration avec ses collègues du mouvement consommateur national est la mise à disposition du législateur d’une loi portant protection du consommateur en République du Bénin.

Dix ans après, la ligue se prépare actuellement à faire connaître aux sept millions de consommateurs le contenu de cette nouvelle loi parce que si les consommateurs ne maîtrisent pas leurs droits, il n’y a rien à faire, ils seront grugés par le marché, un marché qui devient de plus en plus complexe. Nous n’avons pas certes aujourd’hui réussi à combler toutes les attentes des consommateurs, mais nous essayons de faire en sorte que les préoccupation les plus élémentaires des populations soient prises en compte par les pouvoirs publiques et par les acteurs du secteur économique .

Vous venez d’énumérer une série d’actions menées par votre organisation depuis une décennie, mais qu’est-ce qui justifie encore aujourd’hui la persistance des maux qui minent le pouvoir d’achat des consommateurs. N’y a-t-il pas là un paradoxe ?

C’est vrai que nous n’avons pas pu éradiquer tous les maux qui se posent aux consommateurs mais le plus important à retenir est que nous avons aidé à la prise de conscience progressive des béninois se reconnaissant comme des agents économiques indispensables. Aujourd‘hui, nous pouvons dire que les 80ù des intellectuels ont connu une avancée majeure par rapport il y a dix ans, quinze ans en matière de la maîtrise de leurs droits en tant que consommateur.
La prochaine étape à franchir, c’est d’amener les consommateurs à adresser leurs plaintes aux associations qui sont juridiquement à même de les défendre.

On vous a vu au cours de la décennie passée sur plusieurs fronts de lutte défendant les intérêts des consommateurs. Est-ce que vous êtes soutenu dans cette tâche citoyenne par les pouvoirs publics ?

Les pouvoirs publics sont exercés par des hommes. C’est dire donc qu’ils sont aussi des consommateurs. D’où il n’y a pas de raison que les pouvoirs publics ne comprennent pas la nécessité de l’existence du mouvement consommateur qui est animé par les associations de consommateurs

Le premier soutien du pouvoir public est d’abord d’assurer son rôle régalien. Mais seulement il arrive que l’Etat qui exerce le pouvoir politique a une vision qui entre parfois en collision avec les intérêts de l’Etat. C’est pourquoi il n’est pas souhaitable qu’une association de consommateurs s’inféode aux  pouvoirs publics. Seulement il est souhaitable que l’Etat et les associations de consommateurs se retrouvent dans un cadre formel de dialogue, de réflexion pour pouvoir solutionneur des problèmes de consommation. De plus, en raison de ce que le pouvoir public gère les ressources public qui provienne de la porche des consommateurs qui en faite représente le groupe économique le plus important, il est recommandé  que le pouvoir public inscrive dans les budgets généraux de l’Etat une ligne budgétaire consacré a soutenir les activité du monde consommateur. Ce là ne veux pas dire que ce soutient là est une phagocytose du mouvement consommateur par les pouvoirs publics. Non !

Je peux donc dire que c’est grâce à cette collaboration entre les pouvoirs publics et le mouvement consumériste que la ligue a d’ailleurs favorisé de part ses actions que les associations de consommateurs représentent les consommateurs au niveau de la commission d’ajustement des prix des produits pétroliers, au niveau de la commission ciment, au niveau du codex alimentarus du comité national, au niveau de l’autorité de régulation des postes et télécommunications, au niveau des conseil d’administrations de la société Béninoise d’Energie Electrique (SBEE) au niveau de la société National des Eaux du Bénin (SONEB) de Bénin-Télécoms et de la poste du Bénin et bientôt au conseil d’administration de l’Agence Béninoise d’Electrification Rural et de la Maîtrise de l’Energie (ABERME)

Dans la réalité, est-ce que ce n’est pas cette présence des associations de consommateurs dans de telles instances qui fragilisent les actions du mouvement consommateurs béninois ? 

Ce n’est pas au Bénin que les associations de consommateurs se retrouvent dans certaines instances de prise de décision. C’est un principe voulu par les directives des Nations-Unies qui protègent le consommateur et ces directives ont été reprises dans la réglementation communautaire de l’UEMOA portant protection du consommateur. Il est donc fondamental que les défenseurs des consommateurs soient en priorité les interlocuteurs de cette couche importante de la population auprès des pouvoirs publics et pendant encore longtemps, ça ne pourrait qu’être ainsi. La société civile dans sa diversité joue son rôle mais les associations de consommateurs dans leur spécificité ont un rôle encore plus important à jouer ; celui de faire de la veille économique et sociale, celui de défendre les intérêts socio-économiques des consommateurs qui sont par excellence des agents économiques indispensables.

Au regard des faiblesses notées dans le fonctionnement même du mouvement consumériste béninois, que faut-il faire désormais pour inverser la tendance ?

Il y a reconnaître qu’il existe au Bénin beaucoup d’associations de Consommateur mais très peu jouent réellement leur rôle. Nous sommes également conscients de cette faiblesse qui porte préjudice à nos luttes. Des réflexions sont désormais en cours pour réactiver le mouvement consommateur national afin qu’il devienne fort et efficace.

Monsieur HOUEHOU, la Ligue que vous dirigez vient de tourner les pages d’une décennie. Quelles doivent être désormais les perspectives pour l’avenir ?

L’ambition de la LDCB dix (10) années après est de se donner les moyens pour être une organisation beaucoup plus forte, pouvant assurer une protection effective au consommateur aujourd’hui sujet aux abus de toutes sortes de la part des commerçants et autres prestataires de services. C’est pourquoi nous invitons les consommateurs à se rapprocher de la Ligue pour s’adhérer parce que avec le site Internet que nous avons mis en service, il est possible aux consommateurs de Toukountouna, de Karimama de Kouandé, de Glazoué, de Dassa, de Porto-Novo, de Djakotomey, de Lokossa, de Dogbo, de Cotonou etc… d’adhérer en ligne. Ce site sera officiellement lancé le 14 Mars 2008 à la grande salle du Conseil National des Chargeurs du Bénin (CNCB) à Cotonou. Les priorités pour le futur, c’est de faire en sorte que la Ligue pour la Défense du Consommateur au Bénin soit présente sur toute l’étendue du territoire national à travers ses antennes dans toutes les communes du Bénin, ceci afin de mieux partout où ils se posent.

Notre vision à terme, c’est de faire en sorte que les Millions de consommateurs béninois connaissent leurs droits, c’est poursuivre les campagnes contre le commerce inéquitable, notre vision également, c’est de poursuivre nos campagnes en vue de la promotion des modèles de production et de consommation respectueux de l’environnement. Nous sommes convaincus que ce vaste programme sera amélioré à chaque fois face à la complixité du marché de consommation car comme vous le savez, les prochains Accords de partenariat Economique (APE) qui vont lier l’Afrique au reste du monde compliqueront davantage le secteur de la consommation et exigeront plus de vigilance de la part des associations de la consommation.

Et des consommateurs eux-mêmes. Les Accords de partenariat Economiques sont un enjeu majeur qui menace l’Afrique dans tous les secteurs. Nous devons donc nous préparer pour affronter ces défis aussi contraignants afin de garantir au consommateur le droit de se nourrir, de se soigner, de se vêtir, de se loger et de s’instruire sans évidemment porter atteinte à son environnement, à sa santé et à ses ressources économiques. Et pour ce faire, cela nécessite une éducation et une sensibilisation permanente sinon les consommateurs subiront et l’économie en souffrira et l’existence même de la Nation prendra un coup. Ce que nous ne souhaiterions pas !